Monday 8 October 2007

france: pressions sur la presse

Les syndicats de journalistes veulent obtenir
l’indépendance des rédactions


PARIS (AFP) — Les syndicats de journalistes ont présenté jeudi des propositions pour que l’indépendance des rédactions soit garantie par la loi, lors d’une soirée de débats où ils ont fait part de leur inquiétude face à la multiplication des « pressions politiques et économiques ».
« Dans la vie des rédactions, les pressions se sont extrêmement banalisées, à tel point que les jeunes qui arrivent trouvent ça normal », a souligné Jean-François Téaldi (SNJ-CGT), journaliste à France 3, en ouverture de cette réunion qui a rassemblé quelque 200 journalistes et citoyens.
« Personne ne peut nier que la presse est dans la tourmente. Lagardère intervient sur le contenu éditorial de ses titres, quand il n’exerce pas directement de pressions sur ses salariés. A France Télévisions, des émissions sont supprimées, des journalistes mis au placard. La presse ne remplit plus sa mission », a renchéri Nathalie Boisson (CFDT).
Pressions « politiques et économiques », concentration des titres de presse dans les mains de groupes industriels, manque de moyens, perquisitions dans les locaux de journaux, précarité (un tiers des 37.000 journalistes sont en situation précaire selon les syndicats)... les intervenants ont dressé un sombre tableau de l’état de la presse française.
Dans la salle, où se cotoyaient journalistes des Echos, de La Tribune, du Monde, de France 2, de RFI— mais pas de « têtes d’affiche » du journalisme --, nombre de professionnels ont fait part de leurs état d’âme et de leurs interrogations sur leur profession.
« Quand j’ai commencé, Antenne 2 était réputée pour son impertinence, crainte, aimée, respectée. Aujourd’hui, on ne fait plus son métier de journaliste à la télévision, les conférences de rédaction sont devenues des chambres d’enregistrement », a témoigné un journaliste d’une chaîne publique.
Dans ce contexte, « il faut de nouvelles lois pour protéger les journalistes, au risque de les voir disparaître », a souligné Davad Larbre (SNJ).
Cinq syndicats (SNJ, SNJ-CGT, USJ-CFDT, SJ-CFTC et SJ-FO) ont présenté des propositions pour qu’une loi garantisse l’indépendance juridique des rédactions. La CFE-CGC, initialement présente dans l’intersyndicale, s’en est récemment retirée, ont-ils précisé.
Les syndicats de journalistes souhaitent notamment que l’équipe rédactionnelle soit « obligatoirement consultée » sur tout changement de politique éditoriale ou rédactionnelle.
Ils demandent que l’équipe soit également consultée lors de la nomination du responsable de la rédaction et puisse, le cas échéant, s’y opposer.
Les syndicats veulent aussi que les entreprises de presse soient obligées de publier « toutes les informations relatives à la composition de leur capital et de leurs organes dirigeants » chaque année, ainsi qu’à chaque changement dans le statut, l’organigramme ou la composition du capital.
« Nous ne demandons pas à cogérer l’entreprise, ni même à définir la ligne éditoriale, nous demandons à pouvoir bien faire notre métier », ont-il expliqué.
Sur la base de ces propositions, les syndicats veulent mobiliser l’ensemble des journalistes, appelée à à manifester le 5 novembre devant l’Assemblée nationale à Paris, mais aussi les citoyens.
Dans la salle, ces derniers ont fait part de leur soutien, mais aussi de leurs critiques .
« Pour être informer correctement sur le 11 septembre, l’Iran, la bulle immobilière c’est sur internet qu’il faut aller. Autant de sujets sur lesquels la profession défaille », a lancé un « citoyen lambda ».

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5 oct 07

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